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Koprivchtitsa, Plovdiv, Bulgarie, road book/carnet de voyage, mai 2018

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mai 1, 2018 par Isabelle

Je n’avais pas l’intention d’ouvrir un carnet de voyage en Bulgarie, pour me concentrer sur mon prochain roman « Le printemps de Milton » qui se déroule sur l’île de Skye. Eh oui, c’est assez peu compatible. Mais c’était sans compter avec Koprivchtitsa, pourtant imprononçable et impossible à écrire.

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Avant tout, question ? : J’sais pas vous, mais moi je trouve que les avions turbulent de plus en plus, les petits, les gros, les vols longs ou courts, par temps clair ou couvert, ça bouge, au-dessus des chaînes de montagnes, des déserts, des océans, ça bouge toujours…Alors les avions sont-ils trop vieux, les vents plus tempétueux, les couloirs de navigations ou les pilotes mauvais ? Je n’en sais rien, mais si quelqu’un sait…

30 avril :  Koprivchtitsa située à 110 km de Sofia, à 1032 m d’altitude, cette ville est restée dans son jus 19è siècle. Moins de 3000 habitants qui vivent dans des bâtisses imposantes, façon chalets, bien restaurés. Les rues pentues sont pavées de grosses pierres irrégulières. On y entend pas de voiture, mais les sabots des chevaux. Il y a des troupeaux de chevaux dans les champs. Le cheval est très présent dans les travaux et les transports,charrettes, transports de bois etc.

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Du coup, le village ressemble à une grosse ferme. Des vaches sont à l’herbage dans des petites pâtures entre les maisons, les coqs chantent, les pommiers sont en fleurs et les framboisiers en feuilles. On entend surtout chanter les oiseaux, c’est devenu si rare.

On a le wifi tout de même comme vous le lisez, et d’un bon débit. En plus notre logeuse, plutôt rurale, communique avec nous via une appli de traduction bulgare/français, une vraie geek.

Accueillis hier soir par la fête du village qui célèbre le révolutionnaire Bulgare, Gavril Gruev Hlatev, dit Georgi Benkovski, natif du village. Il a initié le soulèvement Bulgare contre les Ottoman en 1874. Fanfares, chants traditionnels, danses en larges cercles qui s’apparentent aux danses bretonnes, bérichonnes ou sirtaki, puis une énorme pétarade de feux d’artifices.

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1 mai : sabots des chevaux au réveil et gazouillis d’oiseaux, feuilleté au fromage roulé au petit déjeuner.

Après sa série de portraits réalisés à Oman, Zeph se sent près à shooter le bulgare. Il part à la chasse. L dort. Je marche, emprunte la chaussée charnue qui sillonne entre les rues montantes, contourne une petite église et sa fontaine d’eau fraîche, son portail punaisé de toutes les annonces des derniers décès, je passe le petit pont de pierres, puis atteint le champs avec ses chevaux en surplomb de la ville. Entrant dans la forêt de sapins centenaires, une petite fraîcheur monte le long d’un ruisseau. Deux bâtons taillés dans les branches cassées font office de bâtons de marche. Mes doigts sont collés par la résine qui suinte encore des branches. Des pieds de menthe sauvage sortent de l’herbe, et des tiges de fougères encore enroulés en crosse d’évêque. Les troncs abattus servent de ponts. Des odeurs de bois, de terre, d’eau rivalisent sur le chemin. Mes semelles glissent sur les aiguilles de pins. Chaque pas libère un parfum de résineux. Après avoir passé une première forêt, le haut de colline est davantage une suite d’herbages. Puis une autre série de hautes cimes cerne le chemin. Des troncs, des buches, sont entassés ici et là par des bûcherons. Le son continu d’un troupeau de moutons parvient jusque là. On serait tout pareil dans un alpage du Valais ou du Genevois.

Plus loin, les voix bulgares montent du village tapi en fond de la vallée. Elles célèbrent encore Benkovski en la présence de quelque ministre. Sur le chemin du retour, en longeant un champs, un énorme chien, berger sans doute franchit la haie en m’aboyant violemment dessus pour protéger ses moutons. Quelques secondes d’immobilisation, de menace avec mes bâtons, et l’appel du berger en contrebas, n’ont pas été de trop pour le calmer. Redescendant le chemin, évidemment par le mauvais côté, plutôt perdue dans les bois, j’ai croisé plusieurs roulottes, des chevaux harnachés qui doivent tracter des troncs d’arbres vers la scierie en aval.

Marche 2H25 pour 10 km de forte pente.

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Là, je dois y aller, Milton m’attend…à Skye.

3 mai : Hier matin, deux chevaux nous attendaient devant la porte de notre pension. Lusco, nous a guidé pour une longue promenade vers la forêt, de l’autre côté du village. L’ascension par les chemins et entre les arbres est plus facile (pour les feignasses) à dos de cheval qu’à pied. Mais je vais la refaire en chaussures de marche tout à l’heure. Lusco nous précède en passant devant sa ferme, on y entend les vaches. De jeunes et fringants poulains hennissent sur notre passage et galopent à notre rencontre. Le chemin porte la marque blanche et rouge des sentiers de randonnées, donc on ne peut pas se perdre. Comptez 3 heures de marche pour en faire la boucle en partant du village, puis retour au village.

De retour dans les rues pavées, nous avons l’agréable surprise de rencontrer un voisin qui parle le français, ancien attaché parlementaire/diplomatique à Paris, et sa fille (qui était au collège à Boulogne et qui habite à Houston. On se retrouve devant la maison de Lyutov, une des belles maisons à visiter dans le village. Notez que je dis village pour ne pas réécrire Koprivchtitsa. Le village comprend une dizaine de maisons musées ayant toutes appartenues à des révolutionnaires, écrivains, poètes, qui se sont installés après de soulèvement de Benkovski. Certaines sont encore privées (entrée entre 3 et 5 levas). 6 d’entre elles appartiennent au gouvernement et un billet unique à 6 levas permet de les visiter toutes les six.

  • Maison de Dimtcho Debelyanov (poète, 1887-1916)
  • Maison de Lyuben Karavelov (combattant de l’indépendance bulgare)
  • Maison de Georgi Benkovski (révolutionnaire)
  • Maison de Naiden Gerov (révolutionnaire)
  • Maison de Todor Kablechkov (révolutionnaire)
  • Maison Oslekov : maison bourgeoise de 1856
  • Maison Lyutov : maison bourgeoise de 1854
  • Tombes de Todor Kablechkov et de Dimtcho Debelyanov
  • Mausolée Apriltsi : situé sur la place centrale, il rend hommage aux héros d’avril 1876
  • Église Sveta Bogoroditsa: édifiée en 1817 à l’emplacement d’une ancienne église détruite par les Turcs

Le village s’est entièrement vidé suite à la fête de Benkovski le premier mai. Les rues sont désertes et silencieuses. Certains restaurants/bar sont fermés le soir. Merci à ceux qui restent ouverts, y compris la supérette du coin.

(1 leva = 1,86 euros. Il y a des distributeurs à Kopriii##icchizztz@@@zaaaa:-) pas facile à écrire).

Chant du coq, montagne verte et ensoleillée, clochettes des vaches, un calme délicieux!

4 mai : Marche en montagne, 2h55 – 11, 5 km. C’est pas énorme mais par moment ça grimpe pas mal.

Armée de mes bâtons pour éloigner les loups, les ours et les dahuts, j’emprunte le chemin qui passe devant la maison de Benkovski et sa statue monumentale en granite, grossièrement taillée, à la russe. ll est représenté à cheval en train de charger, sabre au clair. Au départ du sentier, il y a quelques marquages blancs et rouge grande randonnée, puis on atteint un chemin à travers les hauts sapins centenaires. Ils craquent ou bien parlent entre eux comme les Ents (arbres qui parlent dans le Seigneurs des anneaux). On entend des murmures, des branches qui craquent. On s’attend à voir sortir quelque bête du bois, mais rien. Après quelques méandres, quelques passages de clairières, puis d’autres bois de sapins qui sentent bon la chlorophylle, on atteint le haut arrondi des alpages où les dernières neiges reculent, où les sapins ne poussent plus. Ici, les ruines d’un vieux refuge, là une caravane éventrée que tu te demandes bien comment elle a pu grimper à cette altitude, à travers les chemins défoncés par des hivers sans pitié. Un renard file devant moi. Toute contente la fille, elle marche, elle marche, la fille. L’ai est frais, le soleil haut, la vue à 360°, le pouvoir quoi! « Je passerai bien sur l’autre versant » qu’elle se dit, la fille. Et elle le fait, au son de ses deux bâtons qui tapent le sol, reine du monde.

Soudain, une horde de chiens attaquent par le flanc droit. Ils descendent de la colline en hurlant comme des fous. Au loin un troupeau de moutons. Mais, je ne veux pas leur piquer leurs moutons, moi. Les molosses bulgos m’aboient dessus, m’encerclent en retroussant leur babines sur des crocs de 5 centimètres de haut. Alors, je fais des grands moulinets avec mes bâtons en poussant des « holà holà », puis d’autres chiens arrivent. « T’énerve pas, que j’me dis ». Ils sont une bonne quinzaine autour de moi dont la plupart m’arrivent à la taille. Je les engueulent, ils gueulent plus fort et se rapprochent. Et je re-mouline avec mes ‘ti bâtons. Holà holà! Vous voyez Kevin Costner entourés par les loups dans le fameux film Dancing with the wolves, (oui, je suis très ciné), ben pareil. Et tout d’un coup, à cent mètres plus haut sur la colline, voilà-ti-pas le berger bulgare qui se lève et regarde la scène depuis son rocher. Tu crois qu’il appellerait ses molosses ? Nenni ! Il regarde et se rassied peinard avec ses moutons. Les chiens continuent leurs stratégie d’encerclement, leurs potes arrivent, un de mes bâtons se casse, et voilà, j’ai dû rebrousser chemin.

Elle aime pas ça, la fille, elle aime pas ça du tout, mais ils auraient vraiment pu me tailler un steak, ils auraient pu se la becqueter la vioque, et plus d’isa. Et comme je n’y connaît pas grand chose aux chiens, je n’ai pas insisté. Très mal élevés les chiens bulgos ! D’ailleurs j’ai toujours préféré les chats.

Moralité, toujours marcher avec des bâtons, ne jamais suivre les moutons, ils sont toujours entourés de chiens.

Je ne fais pas de politique mais je souhaite ajouter que le pissenlit bulgare est exactement le même que le pissenlit français – ceci n’est pas un message de radio Londres mais une véritable analyse de terrain (je dis cela à l’intention de la communauté européenne, pour ceux qui veulent relayer)-. Par contre les boutons d’or sont beaucoup plus oranges que jaunes, et là je dis méfiance. Moi, j’dis ça, j’dis rien!

Après avoir repris mes esprits et analyser quelques fleurs, j’ai retrouvé le sentier, évidemment perdu depuis un bon moment. Une dizaine de chevaux en liberté me regarde en contrebas. Ils sont juste au milieu du chemin et sur le talus. Ce sont des juments et leurs poulains. Etant en totale liberté dans les bois, les juments ont les deux antérieures entravées pour les empêcher d’aller trop loin. Les poulains, de toute façon, ne les quitteront pas. Ils sont farouches.

Nous parlons là de vraie beauté.

6 mai : Pas eu le temps depuis deux jours de parler de notre escapade à Kazanlak, la vallée des roses, les roses de Bulgarie, vous connaissez évidemment. Il y a une vallée plantées de roses où toutes fleurissent en même temps. C’est comme les cerisiers du Japon, en plus petit et en Bulgarie. Mais voilà, elles ne seront écloses que dans une quinzaine de jours.

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Voici dons le paysage rosé que nous ne verrons pas.

En quittant notre village au nom imprononçable, il faut rejoindre la route de Burgas. On passe devant le chemin qui mène à la gare du village au nom imprononçable, une ancienne gare encaissée dans une vallée bordée de forêt. Un train direct mène à Sofia, et vers Burgas de l’autre. Il faut une heure pour rejoindre Karlovo, et il vous en coûtera 3 Lev.

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En voiture, nous traversons la ville de Rozino, peuplée à 90% de gitans. Ils sont saisonniers, cueilleurs de roses, ils coupent, taillent, effeuillent et épine les roses de Bulgarie.

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Ces villes historiquement constituées de maisons basses et de rues pavées sont à présent encerclées de bâtiments douteux hérités de l’architecture soviétique, grise, austère.

Karlovo qui nécessite une heure de route depuis ‘la ville au nom imprononçable » a un centre animé et végétalisé. Des bâtiments anguleux, impérieux, abandonnés font les entrées et les sorties de ville. Des bouquets électriques relient certains immeubles, des rangées de vieux climatiseurs et de paraboles s’accrochent dessus comme des verrues.

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Il faudra une heure de voiture de plus et des hectares entiers de rosiers non fleuris pour rejoindre Kalanzka. Voilà, c’est pas sexy aux contours, mais le centre ville très circulant, bruyant, poussiéreux, nous fait renouer pendant quelques heures avec la vie urbaine. Enseignes et néons en cyrillique, boutiques, klaxons…

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De retour dans notre village endormi dans la montagne Kopriatchoum, où L s’ennuie un tantinet,  nous ralentissons à nouveau le rythme dans le silence, la belle odeur de montagne et le frais de la nuit descendante.

Ce n’est que le lendemain, soit hier dans la journée, que je suis retournée marcher seule en montagne, et tout va bien puisque je suis rentrée. Mais c’est compliqué parfois. Après la montée en forêt, balisée, on perd son chemin et hop! Traversée de quelques herbages, montée jusqu’à un point probable culminant à 1600 m, un troupeau de juments avec un poulain de 6 jours, contournement de colline, et là, un son de cloche de moutons. Ah non ! pas encore les chiens. Qu’à cela ne tienne, je prends un autre chemin, il finira bien par redescendre vers Kopriatchoum. Ben non, il ne redescend pas, les moutons sont sur le versant d’en face, je me prends une heure de plus dans la vue. Le soleil, baisse, le tonnerre gronde au loin, je suis entourée par des arbres calcinés par la foudre. Alors action, direction moutons, chiens et berger Bulgare. Ce n’est pas le berger Bulgare qui fait peur, mais les chiens du berger Bulgare. Arrivée à sa hauteur, je le vois couché dans l’herbe, mes bâtons sont devenus au fil des marches de vraies massues de barbares, je suis prête à l’attaque. les chiens m’arrivent dessus avec des aboiements menaçants, je monte sur un monticule de terre avec mes bâtons, position dominante, le berger se lève et appelle ses molosses. Il faudra de longues minutes pour calmer cette racaille. Je ne bronche pas, le chef de meute (petite meute cette fois-ci) ferme son clapet et rejoint papi. Les autres le suivent, je redescends gentiment au coeur de la forêt, mais hors chemin, encore perdu.

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C’est d’ailleurs intéressant de voir comment vit une forêt, il suffit d’observer. En fait, il y a du bois partout dans la pente surtout à cette saison probablement, au sortir de l’hiver : branches cassées par les tempêtes de neige, des troncs couchés, arrachés, déracinés, à se demander à quoi cela peut-il bien servir de couper des arbres vivants car ils sont nombreux à mourir de leur belle mort dans les forêts ancestrales. Il suffit alors de les tronçonner pour récupérer le bois. Par ailleurs, certains arbres sont marqués d’un point fluo. Si on observe au pied, des lambeaux d’écorce jonchent le sol, à la cime, plus une feuille ; ils sont morts, donc fragiles, il faut les couper en priorité avant qu’ils ne deviennent dangereux, même pour les autres arbres bien vivants qui les voisinent de près. C’est mon analyse de terrain : ma vie de bûcheron (non validée).

Au fait, les crosses des fougères encore enroulées il y a trois jours, se sont déployées en larges feuilles dentelées.

17 km de marche en 4H30. Conso calories 997, évidemment pas d’eau ni de nourriture emportée. Pas simple de marcher seule en montagne, même par beau temps. Là tu te dis que tu mérites ton dîner.

7 mai : Après avoir salué nos hôtes Rada et Atanas, laissé nos coordonnées au Général Dimcho, notre voisin francophone/phile, nous quittons Koprivchtitsa en abandonnant mes chaussures de marche éventrées par l’eau de mer de Tatihou (Cotentin) et par la montagne Bulgare. J’espère que le père Noël – de Pentecôte- m’en apportera une nouvelle paire, pour préparer Compostelle…

Nous empruntons une splendide route qui serpente en grimpant vers un col, puis redescend dans une suite de lacets à rendre malade L. Du coup, elle demande à s’arrêter dans un instant dans la vill de Strelcha.

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C’est par hasard que nous trouverons nos roses, rosiers et rosières. Des sacs entiers, puis le boss qui nous emmène dans son 4×4 jusqu’à ses hectares de rosiers, les plans qui ont une dizaine d’années, d’autres rangs ont 2 ans, puis les bébés, hauts de 10 centimètres, qui fleuriront l’an prochain. Les champs sont sur le versant sud, donc parfaitement exposés. Un hiver neigeux, puis des nuits à 10 °, du soleil le matin et une pluie l’après midi font les meilleurs récoltes. Toutes les roses sont ici des roses de Damas, importés il y a 400 ans, du temps des occupations Syriennes. Les saisonniers gitans cueillent de 5 h du matin jusqu’à 10H. Elles doivent passer dans les alambics juste après, vers 11h, pour en retirer la plus grande quantité d’huile possible. Le cours de l’huile de roses est à environ 8000 euros le kilo, et il faut 350 kg de roses pour faire 1kg d’huile. Toutes les roses sont ramassées quotidiennement, puis les nouveaux boutons vont éclore dans la journée, et seront ramassées le lendemain matin et ainsi de suite, pendant un petit mois, selon la météo. Ensuite, la saison des roses est terminée jusqu’à l’an prochain. Les mois suivants seront consacrés à la lavande, puis à la camomille.

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Pour ceux qui ne le connaissent pas, mon poème intitulé Rose :

La rose est une dame.

À l’état de bourgeon, déjà elle est d’âge mur,

Et fière, elle se pâme.

Les autres, elle domine, redressant son allure.

On la voit méprisante,

Considérant ses sœurs comme de simples suivantes.

Le port de tête hautain,

Confère à cette espèce la mine du dédain.

 

Les rouges sont fatales,

Les jaunes sont matrones,

Mais, toutes deviennent grises,

Car un jour elles se rident.

La tête penche puis se courbe,

Regardant vers le bas,

Comme une beauté vieillie,

Quand la tige reste droite.

 

Alors, madame a honte de se voir racornir,

Alors, madame masque tout ce qu’elle peut souffrir,

Et tente de son mieux de faire bonne figure

Quand sa belle arrogance a vraiment disparu.

Et la vieille intrigante, dont la fraîcheur n’est plus,

S’enferme sur sa tige, se regardant elle-même,

Desséchant sur son pied…

Perdant toutes ses feuilles et ses restes d’éclats,

Restant là toute nue

Comme une fille de rue.

 

La dame enfin se fane,

Et change de visage,

Tentant de taire son âge.

Une traîne de poussière plane dans son sillage.

Extrait de mon recueil « Je te le dis »

Après quelques villages insolites, abris bus où discutent des gitans ou des vieux villageois, nous arrivons au coeur de la vieille ville de Plovdiv.

9 mai : Plovdiv, 338 000 habitants, ville des 3 collines, bassin urbain des premiers peuples européens, les Thraces. Viendront ensuite les romains (la ville sera nommée Philippopollis car conquise par Philippe II, père d’Alexandre le Grand), puis suivront Ottomans avant de devenir une ville Bulgare à la fin du 19è siècle.

350 km d’Alexandropolis en Grèce, 540 km d’Istamboul.

Après la traversée d’un large périmètre de banlieue urbaine composée de bâtiments industriels et commerciaux, d’immeubles avec climatiseurs et paraboles, de constructions délabrée année ’70 communistes, on entre dans une ville européenne matinée d’édifices ostro-hongrois-orientaux. La ville haute est entièrement pavée, une barrière en interdit l’accès aux voitures si on n’y loge pas. Nous, on y loge.

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Notre pension, la Old Plovdiv Hostel s’y trouve ; grosse maison bourgeoise édifiée par un commerçant en tabac en 1868. Belle, parfaitement située, pratique, avec un cour arborée et un proche parking, j’y vois tous les avantages. Un tableau vous accueille avec « bienvenue Jean-Marie Cras et famille » pour chaque hôte du jour, dans sa langue d’origine ; Wilkomen untel, Wellcome untel, Benvenuta untel, en chinois je ne sais pas le reproduire. Ils proposent des petits dej « regular », « veggie » ou « vegan », thé/café à volonté all day, free parking, wifi, skeets and towels all included. Zeph, qui a bien insisté pour que l’on vienne à Plovdiv, une journée plus tôt finalement, n’aime pas du tout, il fait sa colère de bienvenue, vous dira que les parquets grincent, que notre immense chambre lambrissée est trop près des toilettes, que les hautes fenêtres qui donnent sur la cour laissent passer trop de lumière le matin et que cela le réveille, que c’est une auberge de jeunesse et que par conséquent il y a des jeunes, qu’il ne peut pas bien dormir. Moi je l’entend ronfler toute la nuit…Et finalement, on est toujours le bruit de quelqu’un d’autre non?

Je vous conseille vivement cet endroit, les oiseaux gazouillent dès l’aube, mais moi cela ne me dérange pas, je me réveille avant eux. Le soleil se lève, le gros chat dort, des cloches carillonnent à tout va.

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Plus loin, un immense parc avec kiosques et fontaines multiples est parcouru par une foule dense, skate board, jeunes, vieux, un coin pour les joueurs d’échecs, la pelouse où pirouettent quelques athlètes, mille poussettes et bébés, fruits probables des campagnes en faveur de la natalité.

Certaines rues aux larges trottoirs, ponctuées de platanes centenaires nous rappelle Odessa, dans la forme que lui avait conféré Catherine II de Russie. De grosses maisons qui pourraient être de style viennois, s’y succèdent. Nombreuses restaurations sont en cours car la ville est déclarée ville Européenne pour la culture pour 2019.

La ville est touristique, animée, commerçante. D’ailleurs il y a un H&M et L va beaucoup mieux tout d’un coup. En deux heures, nous voilà rhabillées pour l’été, l’automne, l’hiver, voire le printemps, pour les 5 prochaines années. Et moi j’ai l’impression de contribuer à l’exploitation des gamines cambodgiennes de 8 ans tout au au bout de la chaîne…Shame on me!

On entend le muezzin en fin de journée, provenant de la Dzhumaya mosk,construite sur l’emplacement de la Sveta Petka Tarnovska Cathedral, une mosquée de 1364, détruite puis rebâtie au 15è par Sultan Murad I.

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Les jours avancent :  Zeph arpente les rues et a arrêté de râler. Déjà, c’est bien.

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La vieille ville de Plovdiv, de par son origine Thrace, puis Romaine, est bâtie sur des fondations très anciennes. Par exemple, la pension dans laquelle nous logeons est édifiée sur l’ancienne forteresse de Philippopolis. La ville romaine était un centre très important de l’empire. Les vestiges sont partout, excavés par endroits, mais pas partout car des bâtiments « classés » ont été construits dessus il y a des siècles. Pour exemple, l’ancient stadium dont on a retrouvé les fondations en construisant au-dessus, mais qui est encore majoritairement enfoui sous de magnifiques édifices du 19è siècle.

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L’ancien théâtre est préservé et en service.

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Eglises, ruelles, parcs et jardins multiples sur la colline, quasiment pas de voiture dans les rues à larges pavés. Très beau et agréable. Monter tout en haut, un restaurant sur la gauche avec terrasse surplombant la ville et des serveurs souriants (l’air stone) est parfait et abordable pour dîner.

Le coup du pneu crevé : crevé il y a 1 mois en Oman, pneu de rechange crevé également, nous voici avec un pneu crevé à Plovdiv. Mais là, on était plutôt garés pas très bien, et sans doute un coup de lame lui a réglé son compte, au pneu.

Forte pluie cette nuit qui a rincé la ville et ses pavés. Rien entendu, même pas les parquets qui grincent. Ciel gris ce matin et petite fraîcheur agréable.

11 mai : un déluge s’abat depuis 2 jours sur Plovdiv, la villes des trois collines. Il l’avait dit, le prédicateur rencontré plusieurs fois par Zeph, par hasard dans cette immense ville. En un mot, l’apocalypse est annoncée pour aujourd’hui. Il a conseillé de quitter la ville au plus vite, mais pour aller où? Alors, comme notre auberge est située en hauteur, on a décidé de ne pas bouger. Tout a commencé hier après-midi, des heures durant lesquelles le tonnerre et les éclairs se sont succédés à un rythme effréné, la pluie s’est abattue sur la ville, les gouttières se sont déversées en cascades, des torrents ont lessivé les vieux pavés. C’est le temps idéal pour rester à travailler ou a écrire, un air rafraîchissant, un vacarme d’enfer que j’apprécie beaucoup. Puis un éclair a fait claquer la télé de notre chambre, des gouttes se sont mises à tomber du plafond dans notre chambre, juste au-dessus de ma valise ; bassine éponge, les grandes manoeuvre, mais que faire, ça n’a pas cessé de ruisseler. C’est à ce moment là que nous avons décidé de sortir, sous des parapluies édentés, pour déjeuner au restaurant plus haut. Le déluge n’a pas cessé, jusqu’à l’accalmie du soir.

Nous voici le 11 mai et je me suis levée de bonne heure pour assister à l’apocalypse. Pour l’instant, le ciel est gris et les averses se suivent. Ce dont on est sûres, c’est que L et moi, on a manucure cet après-midi. Alors je vous tiendrai au courant…

12 mai : Best Western de Sofia aéroport. Nous avons quitté nos pavés dans les rues pentues de Plovdiv, les belles demeures érigées sur leurs fondations romaines, les allées plantées de platanes centenaires, les femmes rousses décolorées un tantinet botoxées et tout ce qui fait le charme Plovdiv, pour retraverser un pays incroyablement vert, montagneux, boisé.

A signaler, nous avons beaucoup aimé le restaurant panoramique tout en haut de la Old Town, vu imprenable sur la ville, plat délicieux dont les courgettes façon grecque (frites comme des chips de courgettes) et les feuilles de choux farcies au riz et à la viande. Personnel agréable. En général, on mange à trois personnes pour environ 40 leva, soit moins de 25 euros.

J’sais pas vous, mais pour nous l’apocalypse n’a pas eu lieu. Quelques averses orageuses tout au plus.

Nous dormons dans un hôtel pour hôtesses de l’air et pilotes, à quelques pas de l’aéroport, pour notre vol très très matinal. Best Western qui pourrait être celui de Lubumbashi, de Riga ou d’ailleurs, avec sa musique d’ascenseur, ses factures salées, sa cuisine internationale. Propre et carré.

End…

PS : quelques mots , Dobriden=bonjour, merci = merci (facile celui-là!), pilleshki=poulet, Adin, dzva, tri, chetri, pet = 1,2,3,4,5, très proche du russe dont je me souvenais car nous l’avions appris avec un jeune russe qui nous battait aux échecs dans un hôtel de brousse à Bamenda, ouest Cameroun, il y a 45 ans. C’est resté gravé.

Très curieux, les Bulgares opine de la tête en disant Ne = non, et agite la tête de droite à gauche pour dire DA= oui. On ne comprend pas stout de suite

PS : attention aux plastiques, les Bulgares…Ramassage/recyclage.

PS : fautes embarquées, orthographe, grammaire of the road.


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