Carnet de bord Renaissance/Norvège fev-mars 2024
6mars 1, 2024 par Isabelle
Oh mon bateau oh oh oh !
28 février 2024, mon fils compatissant pousse ma grosse valise remplie de doudoune, gants, bonnets et boots de neige vers notre gare de banlieue. Que d’embrassades qui n’auront pas lieu demain à mon Terminal de croisières où j’embarquerai seule sur le Renaissance en direction du Grand Nord
Tout commence gare Saint-Lazare. Sur le quai lignes normandes entre les gens qui parlent tout fort dans leur téléphone, ceux qui râlent parce que leur train n’est pas encore annoncé, et les pigeons qui s’en foutent et grappillant quelques miettes tombées des sandwiches SNCF.
Le train, avec ses 5 minutes de retard, qui ne vont pas me « décoiffer » pour deux sous, enjambe la Seine par deux fois, puis la longe un bon moment en serpentant, grosse, lourde, une Seine de fin d’hiver remplie de pluies et de brassages, de limon qui rend l’eau brune et opaque, tandis qu’elle sinue en contrebas. Et d’ailleurs, il s’agit là plutôt de bras pas tous très larges, de ramifications qui s’éloignent, s’entrecroisent, se rejoignent pour n’être qu’une, puis s’effilochent de nouveau. Une Seine bordée de végétation exclusivement branchue car pas une feuille n’est sortie, sauf les bourgeons des saules qui déjà trempent le bout de leurs doigts. Une Seine libre au fond qui se dandine jusqu’au Havre.
A ce rythme, elle passera devant le bac de La Bouille, puis devant Villequiers, et je ne peux que penser à Léopoldine Hugo et à … et à mon poème dédié :
Villequiers, 17h30, 3 degrés.
Un chat blanc tigré
Ronronne dans ma main
Les dernières roses du jardin
Font de la résistance,
Tête haute, tige droite,
Hissant leur corolle carminée ou ivoire
Sur les rousseurs de l’automne,
Pour une dernière danse.
Elles s’époumonent
Devant la Seine lourde et opaque,
Devant les ondes qui moutonnent.
L’eau charrie ses larmes de morts de Paris au Havre.
Du Havre à la mer,
C’est le grand ménage.
Mystères et enfers
Roulent sous l’eau brune
Et le clapot du soir.
Tendre est le ciel rose,
Douce est la berge d’en face,
Tièdes sont les cimes d’opale,
Poésie infinie !
(extrait « Poèmes que t’as pas lus », A la robe de pourpre édition, recueil 2024)
Mais que n’est-ce pas un départ à la gare maritime de Cherbourg ? Ce serait tellement poétique. Revivre l’arrivée de la loco dans le hall de la gare maritime que foulèrent Joséphine Baker, Gray Grant, la famille Chaplin ! Et les foules de migrants quittant les pogroms, les famines, et tout simplement la vieille Europe, encore tout éblouis d’espoir vers leur destination transatlantique, j’ai nommé Ellis Island.
Hors-série Cherbourg, aventures transatlantiques fait 120 pages. Il est illustré par plus de 200 documents
Train arrivant en gare maritime transatlantique à CHerbourg.
Et voilà que ça m’reprend !
Encore un de mes poèmes dédiés…
Gare Maritime
La salle d’embarquement
Rumine de mystérieux accents.
Éveillée jour et nuit,
La foule au regard vide,
Vautrée sur des valises,
Rêve de l’autre côté,
Se nourrit de l’espoir.
Et pourtant, ils ont peur
D’abandonner les leurs.
Rugissent les machines
De la gare Maritime !
Les cris des goélands
Perforent les nuages.
Les câbles métalliques,
Cinglent dans le grand vent.
La salle des pas perdus
Palpite en confusions,
Sursauts et gémissements.
Amarrés à leurs quais,
Crânent les transatlantiques,
Crissent les coques en taules,
Luisantes de rouille, d’écume.
Il y a de l’aventure,
Il y a de l’inconnu.
Résonnent les sirènes de feu le Titanic.
(extrait « Poèmes que t’as pas lus », A la robe de pourpre édition, recueil 2024)
Et paf, encore un bras de Seine que l’on enjambe, que l’on suit, que l’on caresse, mais un gros bras ou plutôt une inondation, une Seine sortie du lit qui couvre les berges et les champs alentours, car des arbres n’apparaissent plus les pieds, seuls les hauts des troncs et les premiers carrefours de branches…
La Seine est partout en Seine Maritime.
A peine arrivée à Rouen, je me dis que j’aurai dû prendre un petit goûter. C’est puéril tellement le trajet est court, mais grignoter en train est un de mes passe-temps favori. Tout comme dormir en train de nuit couchettes, bercé par le roulis. Inconsciemment, cela me rappelle sans doute les promenades en landau lorsque j’étais bébé, le grand landau bleu marine so british avec ses grandes roues à suspensions cuir, à moi, l’insomniaque, qui s’est faite offrir au dernier Noël, à 62 ans pardonnez-moi du peu, une lampe berceuse pour enfants, qui projette des étoiles au plafond de la chambre et donne en fond musical le Lac des cygnes ou le bruit des vagues…
Vais-je demander au steward de mon Paquebot une lampe berceuse pour bébé ? Ils vont me virer, me jeter à la baille !…Ou bien vais-je me laisser endormir par le bruit des vagues, du vent de mer et des turbines ? Ou bien vais-je me laisser gagner par les nausées et vomir mes tripes. Je m’interroge.
Et hop, un nouveau bras de Seine, le dernier que je verrai sans doute car le ciel s’est écrasé dans les champs et la lumière s’éteint rapidement, comme toute fin de journée de ventôse.
-Yvetot ; entre chien et loup certes, mais des poneys dans un champ néanmoins. Chouette !
-Bréauté- Beuzeville ; on y voit goutte, sauf que les sillons dans les champs terreux et labourés sont saturés d’eau et reflètent on se demande bien quoi.
-Le Havre ; lumières sur la ville, au loin les hautes cheminées, les cuves des raffineries, les grues du port, carcasses noires découpées sur la nuit comme des derricks de pétrole.
Le Havre/Sainte-Adresse, 29 février, ventôse, 2024
Année bisexuelle, c’est plus fashion que bissextile par les temps qui courent !
Heureusement que la tempête Louis, qui nous a noyé le bocage normand, arraché les toitures et importé des milliers de mouettes dans les terres, est allée souffler ailleurs. C’est pas le tout, mais j’ai un bateau à prendre, moi !
Le cri des mouettes me fascine au petit matin, comme certains ont été fascinés par l’odeur du napalm au petit matin (t’as la ref ?). Lorsque la nuit s’étire en révérence devant une aube timide, elles hurlent sur la ville portuaire, plongeant entre les architectures rectangulaires d’Auguste Perret et le clocher remarquable de son église Saint Joseph.
Depuis le rond point du Grand Large, de la Petite Rade et du Week-end, dans le prolongement du Boulevard Albert 1er, derrière le MUMA – Musée d’Art Moderne André Malraux -, je tente d’apercevoir la cheminée du Renaissance, qui appareillera à 17h en direction Tromso et Alta, au nord de La Norvège. Le Renaissance, paquebot sorti de chantiers italiens il y a 30 ans pour un armateur hollandais, puis racheté par la compagnie française CFC avant Covid – mis à l’arrêt pendant 2 ans – puis restauré dans les chantiers navals de Brest, et enfin remis en mer en 2023. Un navire plus petit que notre bastion ; Le France.
Attention, le service Taxi au Havre, n’est pas du tout fiable. Mon taxi est arrivé avec 1 h de retard. Heureusement que nous avions prévu large.
Terminal Croisière au Quai Roger Meunier au Havre. D’un côté, le Renaissance, un village, et de l’autre un paquebot MSC Croisières, un immeuble de grande hauteur…Pas pour moi !
L’embarquement est assez lent, mais on te sert un thé avant d’entrer dans la file. Bagages enregistrés, prise d’empreinte de ta carte visa pour les frais à bord et les excursions, sécurité, passeport, photo de type « La croisière s’amuse », puis enfin, la passerelle et les membres d’équipage multicolore et polyglotte au sourire accueillant.
Attention le wifi à bord est payant 10 euros par jour.
Attention le wifi n’est pas facile à obtenir et à maintenir en plaine mer.
La cabine pont 5, Marie-Galante, est agréable, lit double avec fenêtre sur la mer, salon, bureau, salle de bain équipée, rangements divers. De quoi vider la valise dans les tiroirs puisque tout restera en place pendant les quinze jours que dureront la navigation.
Le buffet nous est ouvert copieux et varié, visite du navire, des salons restaurants et spa, piscine intérieure et extérieure.
Exercice de sécurité pour tous, staff et passagers, tous autant de pingouins en gilet de sauvetage jaune ou orange.
Le navire se met à vibrer, il s’ébroue puis pivote lentement entre les quais et tend son nez vers le large. Trois coups de sirène tranchent les nuages et saluent mes amis Renou au Week end. Ils signalent notre sortie du port entre un bateau pilote et un dauphin à tribordbord. Passage des bouées proue orientée droit sur le large. Derrière nous, le musée Malraux, la Porte Océane, le boulevard Albert 1 er et la plage puis le Cap de Ste Adresse. Le bateau pilote nous quitte, le paquebot accélère. En sortant de la baie, le vent se lève et un petit grain nous balaye direct.
En bas autour de la piscine, un groupe de pop anime les passagers réceptifs à grand renfort de GO téméraires. 500 passagers à bord pour une capacité de 1000. Autant dire qu’on ne se gène pas. Cheveux gris et crânes chauves sont certes représentés. Cependant, quelques ado, des chevelus inclassables, geeks probables, couples quarantenaires, cinquantenaires, des jeunes parents avec enfants pastillent le pôle passagers. Certains ont déjà opté pour la mode chaussons. Découverte du bateau, les ponts, les restaurants, salons, foyers, casino, boutiques, Spa, salle de sport fitness, decks. Un spectacle type cabaret nous attend au théâtre Belle époque, puis un dîner au restaurant Vatel où ils nous ont installé une table spéciale « voyageurs individuels », deux dames de Lyon et de lÎle sur la Sorgue, deux messieurs anciens voileux Laurent de Dinard et Paterne Houlgate. Repas correct sur nappes blanches et larges serviettes, petites portions.
1 mars, 6h41 du matin
Victoire, le bateau m’a bercé et endormi dans son roulis.
Aube pastel avec effiloché de nuages. Mer calme. Il doit faire froid car ma fenêtre de cabine est glacée.
Le jour point déjà ; je ne comprends rien aux horaires de l’aube car il faisait fort nuit à Paris même à 7h30 et encore plus en Normandie. Nous sommes sans doute déjà très à l’est. Mais je pensais qu’il ferait nuit tout le temps à cette saison en allant vers le Grand nord.
Devant moi soudain, à quelques encablures de notre axe, des kilomètres de lumières rouges clignotent à mi-hauteur : un gigantesque parc d’éoliennes. Nous sommes sans doute dans la zone nord de la Belgique ou des Pays-Bas, à la louche sur la carte, ce n’est pas moi qui tient le compas. 3 pétroliers en file indienne descendent du nord et viendront remplir nos autos/motos/chauffôs. Puis des porte-containers qui voguent plein est, d’autres qui nous longent à tribord dont le « Hambourg Sud ». Il y a bien du monde ; fascinantes carcasses qui se découpent sur le soleil levé à présent.
Oups, on frappe à la porte de ma cabine : ma théière d’Earl Grey est apportée par le room service !
Trois heures de navigation plus loin, ce sont à nouveau des éoliennes à perte de vue qui ventilent la mer du nord. Puis des lignes de cotes qui se dessinent au loin, des super tankers qui nous doublent.
Vitesse 15 nœuds, vent 20 nœuds, autant dire qu’on navigue pèpère.
L’organisation du navire regroupe les passagers qui naviguent seuls. Je croise Vikki, prof anglaise ayant passé des années en Côte d’Ivoire, Michèle, juge en Martinique puis au Sénégal, Juge aussi, Anne, puis Christine, ancienne hôtesse du France, toutes grandes voyageuses.
Film de 14h : Un jour de pluie à New York, puis sauna et thé dans la salle de repos. La vie est dure ! Tenue soignée à présent pour l’accueil du commandant, et hop !
Cadeau d’un lecteur dans ma messagerie ce matin 2 mars 2024, arrivé en même temps que mon plateau et ma théière !
- Léger tangage du Renaissance, ciel gris, mer ardoise.
- Tangage renforcé, estomac chahuté, mal de mer.
- Estomac stabilisé, mer apaisée, arrivée dans l’espace maritime Norvégien.
- Lumière d’un petit soleil d’hiver, frileux, au loin les côtes de la Norvège, les sommets enneigés.
Alesund, 62 ° Nord, 3 mars 2024, 7h23, 2 °, accostage paisible, aube claire, mer plate
- Attention, les norvégiens le dimanche sont en tenue de sport.
- Attention, ils ne sont pas tous blonds, je répète, ils ne sont pas tous blonds – on nous aurait donc menti !
4 mars, 8h40, nous venons de franchir le cercle polaire
5 mars ; entrée dans le fjord à Tromso
7 mars, 6h11,
Attention infos pratiques :
8 mars: journée de la femme et St jean de Dieu
Nous avons déjà pris la route du retour. Notre bateau longe la côte, mais ma cabine côté impair ouvre sur le large. Mer à nouveau calme, à perte de vue et le soleil réapparaît. Le thé est chaud!
Annnonce du commandant : baleines/rorquals communs repérables par leur souffle à 30° avant droit du navire. Vite vite, en pyjama, avec les bottes de neige et le manteau par-dessus, je rejoins en quelques minutes le pont 6 et hop, quelques dos apparaissent au milieu d’une nappe d’écume, puis des souffles à 200 m tribord, elles passant tranquillement. puis sur babord, moins de 100m, une grosse grosse mèmère qui dodilne, crache et nous gratifie d’un coup de queue avant de plonger. La côte enneigée se découpe au loin.
Fleurs déposées sur mon lit par mon responsable de cabine.
Marché 12 tours de pont 6 + 4 tours de pont 12 = environ 6km. Le liner glisse en pleine mer sous un couvcher de soleil orange, au large des Lofoten, majestueux. Très émouvant.
22h: annonce du commandant, aurores boréales en formation à la proue du navire. D’un coup, tous les passagers quittent le Vatel et montent au pont 12. Pendant plus d’une heure, festival d’aurores boréales blanches laiteuses, tendance verdâtres, en ruban, rideaux, en virgule ou en couronne, en effiloché qui se sont étirées, défaites et reformées, ondulant puis d’évaporant sur la nuit étoilée en pleine mer du nord. Un feu d’artifice au large des Lofoten.
Tous les passagers tentant de prendre la photo du siècle. Les meilleurs chasseurs étaient équipé d’un pied photo et d’une lampe frontale. Encore une floppée de portable en l’air éclairant trop fortement la nuit pour moi. Au bout d’une bonne heure, je regagne ma cabine, et sans allumer la moindre lumière, j’observe beaucoup plus nettement les phénomènes chimiques qui continuent à s’animer devant mon sabord. C’est encore mieux au chaud et en somnolensce.
9 mars, arrivée à Bodo au petit matin, 67 ° nord, météo exceptionnelle, 4°
Sur le pont, le soleil joue avec les balustrades
A noter une nouvelle fois que les excursions ne sont pas à la hauteurs du service et du personnel du bateau qui est impeccable.
10 mars, journée en mer, entre Bodo et Maloy
Débordée, il ne se passe pas grand chose, mais débordée.
Grosse occupation du jour, l’anniversaire de Karol, mon grand, qui nous pousse sur la roue de la vie.
Longue matinée d’écriture sur une mer nourrie. Puis longue marche autour du pont 6, 16 tours, soit 6,4 km – un ban d’une vingtaine de dauphins dodeline à 30 m de la coque + quelques marches au pont 12, puis dans les étages, sans doute 7 à 8 km. Petite limonade et lecture de Bouvier au bar des explorateurs. Des joueurs à toutes les tables, la retransmission du martch de rugby, petit séjour au bar panoramique.
Précisiosn sur le navire.
Pont 3 : le staff, étage technique.
Pont 4 : première volée de cabines
Pont 5 : le mien, moins de bruit de moteur, et moins de tangage que dans les étages supérieurs
Pont 6 : très agréable car les cabines donnent sur le pont promenade. Toutefois, les heures ensoleillées voient les marcheurs comme moi, le joggers, défiler . Je ne sais si c’est agréable.
Pont 7 et 8 : grand foyer, restaurant Grand Vatel, bar, théâtre, cinémas et autres espaces réceptifs.
Pont 9/10 : cabines à balcons privés et suite haute gamme. piscine extérieure.
Pont 11 : restaurants piscine et spa. Magnifique Spa avec 2 hammams et salle face à la mer, mosaïques avec des paons.
Pont 12 : restaurant panoramique.
11 mars, quand tu gares ton bateau à Maloy pour aller faire un tour en ville.
Descente du navire en fin de matinée, par la coupée au pont 3. On est à 1 km du centre ville, donc c’est aisé pour aller déambuler. Maloy est encore une ville construite sur plusieurs îles ou bras de terre et de mer qui s’entrecroisent. Un Pont incurvé en traverse quelques une.
La ville est habitée par des fresques, choix de déco urbaine proposée par la municipalité. Certaines sont intéressantes, et plutôt lumineuses sur l’ensemble des maisons claires.
A flanc de colline, une église luthérienne blanche de hors et sobre dedans.
Le long du quai, quelques boutiques de souvenirs qui vendent du saussicon de rennes, et des bouchons drakar.
Après une bonne heure de déambulation en ville, je remonte à bord (scanne de badge et détecteur systématique pour accéder), pour aller lire sur un transat au pont 11, face à la piscine extérieure. le retour à bord doit se faire 30 minutes avant l’appareillage.
Puis déjà l’heure du départ arrive, 16h. Le navire sonne la sirène, 1 coup, qui résonne dans toute la ville et ses bras de terre/mer. Sur le quai, des terriens nous saluent en agitant des drapeaux français et norvégiens, c’est la première fois que je vois cela depuis notre départ du Havre, c’est vraiment très sympa, une petite célébration!
Séparé du quai à coup de gros bouillons, notre bateau commence à s’orienter vers la sortie du fjord qui va durer plus de deux entre dans le dédale de terres entre lesquelles il faut sinuer. Le bateau va lentement, et serpente.
Ce n’est que deux heures plus tard, après deux parties de scrabble, que je vois le bateau venir récupérer le pilote en bas de la coque.
Dîner au Vatel, as ever. Nuit calme. Des palteformes off shore brillent au loin. Time to sleep.
12 mars, dans un dédale d’îlots, entrée dans le fjord de Stavanger/Sandnes
Renaissance just now – Pour suivre le bateau :
https://www.vesselfinder.com/fr/?imo=8919257
Le Renaissance remonte tout au fond du fjord de Stavanger pour aller accoster à Sandnes, tout en douceur, mètre par mètre, puis centimètre per centimètre, le génat vient de coller sa coque aux larges pneus qui amortisse son amarrage. Ils se mettent à deux pour tirer les bouts lancés par le bateau afin de les passer autour des bittes d’amarrage. Un rebond quasi imperceptible, nous sommes arimés, les moteurs sont coupés et le son avec.
Frénésie sur le quai, descente des passerelles, faire le plein d’eau, un camion citerne est à fleur pour remplir les cuves. Annonce du commandant : interdiction formelle de fumer sur et autour du navire.
Infos pratiques :
Fumeurs : il n’y a que 2 espaces fumeurs sur le bateau, pont 12 extérieur du panoramique et pont 10 piscine du Prado.
Hôpital de bord/médecin de bord. Plutôt cher, environ 60 euros la consultation.
Pour les achats, il est possible de se faire rembourser la taxe (25 % en Norvège, c’est beaucoup). Il faut récupérer la note chez le commerçant, puis remplir et le donner à la réception. Le remboursement devrait arriver directement sur les comptes.
Deux passagers ont glissé sur la glace entre Alta et Hammerfest. L’une a eu le bras cassé et a été rapatriée par Oslo puis Paris. L’autre, choc à l’arrière de la tête avait tout oublié jusqu’à ce qu’il faisait là. Le médecin a demandé à ce qu’il passe un scanner avnt de remonter à bord. Il n’a pas voulu et a du signer une décharge pour revenir sur le navire, puis il a repris ses esprits pour finir.
Voici le monstre qui nous a empêché d’accoster à Stavanger, pire que la cité du Luth à Genevilliers. 6600 passagers. C’est sur qu’il n’y a aucune comparaison avec le Renaissance, beaucoup plus petit. Nous sommes 500 passagers à bord pour une capacité de 1000.
Néanmoins, joli quartier ancien le long du ford de Stavanger, maisons en bardage bois, blanches, aglutinées autour de rues pavées. Une grande boutique de souvenirs donne sur le port non loin de la maison viking.
De l’autre côté, des bars et restaurants. le ville est animée. Un cygne se dandine au milieu des passants. On y voit quelques tag et on y croise quelques SDF, les premiers du voyage.
Pause au Skagen 18 ou je déjeune d’un sandwich pain noir/oeufs brouillés/saumon fumé, puis gaufre, puis gateau aux carottes. Très mignon !
Au pays de Rollo, Ragnar et Lagertha, ils sont nombreux à porter, comme le chauffeur du bus, une barbe longue et tressée, puis des cheveux rasés aux côtés, mais pas au-dessus, ils sont noués ou tressés sur le haut de la tête.
La navette nous ramène à Sandnes, cette partie du fjord est très urbanisée, et de nombreux travaux s’y déroulent sols éventrés, entrepots, hangars, c’est partout et cela dénature tout de même le secteur.
En quelques décénnies, le pays est passé d’une économie de poisson séché à l’économie du pétrole et des fonds de pension. Ce n’est plus la même limonade!
Sur le bateau, à la réception, une femme d’aspect percepteur d’impôts explique et aide les passagers pour récupérer leur taxe, elle rembourse en liquide pour ceux qui ont payé cash. On dirait Maggy Smith dans Indian Palace.
Plus tard, après mon hammam, dans la salle de repos, mon voisin de longère ressemble à Jacque Weber, et il s’endort, je l’entends ronfler.
Deux parties de scrabble au salon des explorateurs. 1 gagnée, 1 perdue.
Vents violents dans la nuit. l’accès au pont 6 est interdit.
Le garçon de cabine a déposé
mon certificat de passage du cercle polaire !
Ils pensent à tout!
13 mars, St Rodrigue, journée en mer, oh mon bateau
Nous nous réveillons dans les embruns avec un petit gite. Visibilité 100 maximum. Grosse journée, débordée 🙂
Matinée d’écriture, les meilleures, dej au buffet Belle îles avec mes dames de compagnies qui sont de bonne compagnie. Elles ont beauocup plus navigué que moi, caboté, connaissent pas mal de mers. On compare les rafiot, du paquebot au 5 mâts, d’une compagnie l’autre, et on en déduit que Renaissance est un bon compromis entre tous.
Chance : visite de la passerelle à 15h avec le commandant Joffroy.
Infos pratiques :
-2 écoles de navigations en France Le Havre et Marseille. En sortent une centaine d’officiers par an.
- deux personnes en veille permanente visuelle sur le large. Ils font les quart, mais 4 heures de veille d’affilée chacun.
- radar : portée 180 km
- 60 techniciens en salle des machines
- 40 pers entretiens extérieurs et peintres
- 355 mem
- membres d’équipage en tout
- Renaissance 55000 tonnes
- 1500 tonnes de fuel et autre => conso 2 tonnes par jour
- retraitement des eaux à bord
- Le commandant peut marier à bord, uniquement dans les eaux internationales. Je n’en ai pas eu besoin 🙂
Et nous voguons vers le sud, quelques portes-containers au loin, et bientôt davantage en arrivant vers le channel.
Précision : en 15 jours de mer, pleine mer, je n’ai pas vu un seul objet, déchet, plastique, bois ou autre matériaux en dérive, et j’en ai passé des heures en vigie.
Scrabble en après midi, puis habillage pour le gala de présentation de l’équipage dans le théâtre Belle époque.
Direction le Spa où m’attendent, hammam, gommage, massage par Divesh, métis Tamoul Mauricien. Je sommnole un peu, un peu de roulis. Très agréable même si la cabine est un peu fraîche. Distribution pourboire aux gentils du Spa.
Hop hop hop, 21h dîner au Vatel, débordée. Mes acolites du soir sont déjà en train de commander. On commence à préparer les enveloppes pour les pourboires du restau. Je m’autorise une/deux cigarettes au pont 10 avec madame Michèle, dans la nuit pluvieuse et sans étoile. Un des deux endroit ou fumer est autorisé.
Retour dans la cabine, sur le lit, feuillets avec les dernières instructions pour vider sa cabine et organiser les bagages pour le débarquement de demain matin. Et bien sûr, les enveloppes pour les pourboires aux « cabiniers »/ nounous qui se sont occupés de vous pendant 15 jours. Ne pas oublier le room service qui apporte mon thé chaque matin à 6h57. Cela m’oblige à commencer à travailler de bonne heure, c’est chouette, et de toute façon je ne dors jamais beaucoup après 7h.
Diable, je suis fatiguée ! Trouver l’erreur…
Face time avec Zeph – c’est insolite tout de même de se dire qu’on se voit et qu’on se parle tandis que je suis en pleine mer et qu’il est en Inde, à paname ou à Fresville – mais ça marche bien.
Jeudi 14 mars, pleine mer
Pour la première fois depuis toute la croisière, je vais descendre au buffet petit déj pour goûter les oeufs bénédictes dont on dit le plus grand bien, ah ah ah.
C’est à se demander ce qui peut manquer, il y a absolument de tout, des pancakes aux croissants, des oeufs durs, plats, brouillés, omelette, et bénédicte – tranche de pain rond, saumon fumé, oeuf poché et sauce hollandaise. ah oui c’est bon !
Céréales, fruits, muesli /bacon, poissons fumés, saucisses, légumes grillés, salades, bon c’est clair, on ne manque de rien.
Nous arrivons dans le channel, dans le couloir de Calais Douvre. à babord et à tribord, cargots, chaluts, porte containers et autre barcasses nous longent et nous croisent. les vigies doivent être aux aguets dans la passerelle. Vitesse 18 noeuds/vebt 34 noeuds/ soleil/12 °.
Ce qui est très agréable dans le déplacement « paquebot », j’insiste sur la taille humaine du nôtre, c’est que le déplacement est lent, on glisse sur l’eau tranquillement, on a le temps de regarder, même s’il n’y a rien à voir que des horizons de flotte. Cela paraît si tranquille tandis qu’une armée travaille dans le ventre du cruiser.
Au retour, ma cabine est faite. Chaque jour mes « cabiniers » me réservent une petite surprise, un pliage de dessus de lit, des fleurs, avec leur nom et leur enveloppe bien sûr que je ne manquerais pas de garnir.
Courbes sombres au-dessus de la ligne d’horizon, tant par babord que par tribord ; les côtes anglaises à droite et les côtes françaises à gauche. Le monde dans sa main !
Soudain, coup de lumière sur les falaises blanches de Douvres où d’ailleurs.
Puis de nuit, depuis notre table de dîner au Vatel, dans le rail du channel, au loin e Cap d’Antifer, puis le Cap de la Hève, l’église St Joseph du Havre et enfin l’entrée dans le port. Nuit à quai, dernière déambulation sur le pont 6, dans les salons et les coursives, les différents foyers, le bar de l’explorateur.
Exercice de sécurité sur le quai, puis remplissage des cuves pour le départ cet après midi même avec 750 passagers et 370 membres d’équipage.
15 mars 2024, quai du Havre, débarquement
Oh, mon bateau oh oh oh !
Et c’est dingue comme le tangage et les petites vibrations te restent dans le corps les jours suivants, à terre, ton lit flotte encore !
Work in progress – fautes embarquées – sorry
Catégorie Carnets de voyages | Mots-clés: Alesûnd, Alta, Aurores boréales, Bodo, carnet de bord, CFC Croisières, croisières, Hammerfest, husky, Maloy, navigation, Norvège, Renaissance, Rollon, Stavanger, traineau à chiens, Troll, Tromso, viking
Les chevelus inclassables ont bien ri de votre description !
Merci Madame pour votre article, j’y aurais appris des choses. C’est intéressant d’avoir un autre point de vue sur cette croisière exceptionnelle.
Ravie de vous rencontrer, 2 jours après l’accostage, et de vous avoir amusé !
C’était en effet une très belle navigation.
Merci d’avoir pris le temps de lire et de m’en avoir fait un retour.
A bientôt, chevelu inclassable 🙂
PS : comment avez-vous trouvé le lien vers mon carnet de bord ? Sur le site CFC ? Un autre passager qui avait ma carte? les miracles du web?
oh merci merci de nous faire partager tout ce beau voyage ! plein de bises et reviens-nous vite !
Mais, je suis rentrée mon amie. On se voit lundi soir ?
bonjour, merci pour ce superbe carnet de voyage, je fais ce periple fin juillet. Auriez vous quelques astuces à me donner avant de partir ? faut il prendre excusion avec CFC ou autres ? quelles sont les imanquables ?
coté spa, quels tarifs avez vous retenus ?
merci
Bonjour,
Merci pour votre gentil commentaire.
J’y étais à une autre saison, donc ce ne sera pas pareil. Il y avait de la neige et d’autres températures dans le grand nord.
Les excursions sont chères. J’ai tenté avec d’autres organismes avant départ, mais je n’avais pas réussi. Et en Norvège, tout est assez cher. Pour tout ce qui est en ville, comme je suis bonne marcheuse, je n’ai pris aucune excursion. Descendue du bateau et départ seule en marche tranquille.
Les excursions m’ont permis de visiter un peu l’intérieur du pays. souvent entre 150 et 250 euros. peu-être moins cher en été? je ne sais pas.
Si vous prenez les excursions directement sur le bateau, c’est un peu plus cher, donc prenez les plutôt avant. Sur 15 jours de croisière, je n’avais pris que 3 excursions. Le reste, je déambulais tranquillement aux escales. Je voyageais seule, donc un peu dans mon coin (je voyais pour écrire mon nouveau roman), sauf les partages de table du soir qui était au demeurant sympathique.
Côté spa : gratuit = le sauna, salle de repos face à la mer, thé, j’y allais tous les soirs. C’était mon petit quotidien très agréable.
Puis j’ai pris un massage en fin de croisière, très bien, je ne sais plus le prix mais environ 100/150 euros -j’avais obtenu une réduction.
Le hammam (pas tout à fait assez chaud à mon goût) est chouette et la salle avec de belles mosaïques, vitres face à la mer, salle de repos face à la mer.
Voic mon retour de mer, j’ai beaucoup aimé ce bateau.
Isabelle Bois Cras