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Amman, enfin (Jordanie 2022)

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novembre 16, 2022 par Isabelle

(Carnet de route écrit en marche, semelles collées au sol, possibles fautes embarquées non corrigées, sorry)

Dix ans après avoir publié « les infidèles », je pose enfin le pied sur le sol Jordanien. Et pourtant, je vous ai déjà bien bassiné avec mes bains de sables, les tempêtes chargées de poussière qui tourbillonnent sur la fournaise. Cela n’a pas suffit. Et pour marcher s’il vous plaît, sur des semelles de vent, ou plutôt de plomb avec ce nerf crural qui m’asticote depuis dix jours. Agrr, pourvu que je puisse atteindre le Wadi Rum et Pétra. Un trek en Jordanie, sans doute pour limiter mon empreinte carbone, car je suis venue en en en ….AVION !! Ouh, shame on me.

Et pas que moi. Tout un avion plein de marcheurs car débute dans 2 jours le « Half marathon des sables ».100 km en 3 jours avec des étapes de 30 à 60 km /jour. Mais eux, ce ne sont pas des rigolos comme moi, sacs à dos, gourdes, ils portent tout pendant 4jours, couchage, et nourriture incluse. HMDS https://www.halfmarathondessables.com/fr/jordan

Après un vol direct Transavia Orly/Amman- confortable mais au service minimum (ni écran, ni repas inclus)-, une arrivée de nuit car elle tombe à 17h30, Sultan nous attend à l’arrivée, s’occupe des passeports et de la voiture qui nous emmène en 45 minutes à l’hôtel Gardenia. 4 millions d’habitants à Amman pour 11 millions dans tout le pays. Aéroport modernisé en 2008, 4 voies spacieuses jusqu’au centre ville, roulées par des voitures en bon état. Pas de klaxon intempestifs, routes éclairées, immeubles modernes, enseignes IKEA, Mac Do, Hôtel Ritz, Hilton Palais royal etc…et quelques palmiersen bordure.

Dîner ; un méga mix grilled sur galettes avec humus et crème d’aubergine au sésame, légumes grillés, frites, concombres, le tout sur des plateaux en plastique posés sur une nappe en plastique, qui sera nouée façon sac poubelle et jetée telle qu’elle, lorsque la grande bouffe sera terminée…

Petite odeur de tabac planante à toute heure dans l’hôtel, car ils fument à l’intérieur, à la réception, même si les panneaux l’interdisent, y compris dans la chambre. La Jordanie est l’un des pays ayant le plus fort taux de fumeurs au monde!

13 au matin, ciel bleu et couvert simultanément. Petite fraîche. Départ vers le Wadi Rum. Wifi dans le minibus de Sami. Youssef (je ne peux m’empêcher de penser à notre Youssef disparu car il lui ressemble) parle français couramment. Amman, est passé de 2000 habitants en début de siècle, à 4 millions, au rythme des guerres voisines et des vagues de réfugiés. Aux quelques bédouins initiaux, se sont ajoutés les Caucasiens, Palestiniens, Irakiens, Koweitiens, Libanais, Syriens. Au nord, le plus grand camp de réfugiés syriens 200 000. Les nouveaux immeubles poussent comme des champignons. Achat d’eau pour les jours de désert.

Voie de chemin de fer construite entre 1903/7 Istanbul – La Mecque pour les pèlerins. Espacement des rails 1m05, qui ne permet pas les locomotives modernes qui ont besoin d’un espacement 1m45. Reste quelques locomotives à vapeur pour le tourisme et  quelques trains se dirigeant vers Aqaba.

Mines de phosphate Al Abia (le blanc) qui fournit l’industrie des engrais, exportation vers de nombreux pays dont l’Inde et le Pakistan.

Nous roulons vers le sud. La conduite se fait à droite, sur une belle route bien damée, les panneaux de signalisation en bleu ou vert, bien visibles, sont écrit en arabe et en alphabet classique. Le désert longe la route, les poteaux électriques se succèdent, des éoliennes au loin, des étendues de panneaux photovoltaïques par endroits. Mais aussi des sacs plastiques en grand nombre qui volent le long de l’autoroute n°15. Quelques palmiers font de la résistance, quelques oliviers, un chameau qui déambule au loin. Nombre de voitures sont coréennes, certaines avec des plaques saoudiennes ; le check point Ma-an n’est qu’à 150 km. L’autoroute 15 se termine à Aqaba, comme la charge de Sir Lawrence !

Notre chauffeur Sami, est palestinien. Chemise blanche impeccablement repassée sur tricot de peau, cravate et lunettes cerclées or, cheveux courts épais et blancs avec moustache assortie, un véritable négus. Tout en conduisant, il se bat avec son pilulier et avale ses cachets.

C’est l’heure de la prière. Quelques fidèles isolés prient au bord de la route, peu.

La route se dégrade en arrivant vers le sud. Aqaba n’est plus qu’à 84 km, Al Hiyad, Wadi Musa et Pétra sont sur notre droite. La route devient de plus en plus vallonnée. Puis, au détour d’une colline, c’est le Wadi Rum, une immensité de pitons rocheux plantés sur le sable. Le soleil tape sur les parois montagneuses et sur le sable rouge. De vagues airs de monument Valley par endroits. Nous croisons très peu d’homme en dishdasha, sauf dans le Wadi Rum où ils la portent majoritairement ainsi que le keffieh blanc et rouge.

Le Wadi Rum est un parc national dont la gérance semble confiée à deux grandes familles, anciens bédouins, comme beaucoup de monde ici. Ils gèrent les campements fixes et les bivouacs plus sauvages comme celui qui nous attend.

Nous arrivons au village avant d’entrer dans le wadi Rum, Salim nous attend avec plusieurs pic up improbables, et nous voici en route sur le sable entre les pitons rocheux, les blocs et les caillasses…Une vingtaine de minutes plus tard, nos véhicules glissent sur les pistes de sables puis nous nous garons au pied d’un bloc montagneux, où nous attend Thamer, notre chauffeur, cuisinier, nounou, pour nos 3 jours de bivouac. Un tapis entouré de matelas fait office de salon. Nous nous déchaussons à chaque fois. L’énorme théière culottée et cabossée est remplie de thé au romarin et à la sauge, notre breuvage de chaque étape. Un ragout de fèves à la tomate, un humus de poids chiches et une salade tomates concombres, accompagné de galette de pain sera notre menu.

Puis nous démarrons la marche, 6 km pour se dérouiller les jambes en cette première journée, sur le sable rouge, parfois un peu consolidé en dessous, parfois sur des passages caillouteux. Le jeune Mshari est notre sherpa, guide, pour le Wadi. Nous contournons des roches, le soleil se couche sur des parois rouges, certaines lisses, d’autres alvéolées, marquées de strates colorées. La température reste douce dans le soleil déclinant. Et il décline tôt, car à 18H, il faut nuit noire sur notre bivouac de 8 quechuas. Même pas peur !

On croise parfois des pattes de moutons qui ont fini en méchoui, avec la laine un peu plus loin…

Thamer a allumé le feu, et une lampe solaire éclaire la tablée. Dîner à 18h30, comme à l’Epad disent les plaisantins ; shorba en entrée, puis le plat de 50 centimètres de diamètre avec sa préparation de riz poulet. La nuit et la fraîche oblige au repli dans les tentes vers 21h.

Mon crural est bien au chaud dans le duvet de l’armée – chien de fusil à droite, chien de fusil à gauche pour reposer le nerf qui a accepté deux heures de marche. Impossible de dormir si tôt et avec la symphonie des sonneurs, ronfleurs, voire plus…Mais je dois écourter la lecture pour économiser ma lampe torche. La tente, le désert, impose une nouvelle organisation et une gestion des biens, selon le temps d’isolement. La petite brise qui agite les pans de la tente me fait imaginer qu’un goupil ou un serpent rôde derrière la toile mais rien, nenni. Puis soudain, un miracle nocturne, une lumière inattendue rayonne dehors et m’incite à aller voir dehors ; la lune vient de passer au-dessus des parois rocheuses et illumine la vallée où nous dormons. Les étoiles se sont mises au garde à vous. De nuit noire, nous passons à nuit bleue, chien et loup, coup de lune. Je laisse entrer la lune dans ma tente, elle me berce puis m’endort enfin.

14 au matin….Marche marche, départ chaussé bâtonné chapeauté à travers le wadi, vers le sud, du sable, des plaques plus stables, des pitons rocheux, quelques buissons épineux, des pans de roche, deux fleurs, de la poussière rouge, une dispute entre marcheurs, on grimpe en faux plat à 1000 m d’altitude direction Arabie Saoudite. Au bout de 4h, arrivée au point de rdv, notre chauffeur cuisinier Thamer n’est pas là.

On se plante sur la dune en scrutant l’horizon, les pistes au loin qui se confondent avec… le loin, une impression de, mais non, un véhicule qui ne nous voit pas, un autre à l’arrêt, et lorsqu’on l’atteint, ce n’est qu’une carcasse. Notre sherpa guide Mshari part à la recherche, on le perd, notre guide Youssef est dépité, tente l’appel urgence, en vain. Je fais un drapeau avec mon cheich bleu, on attend, une heure…plus. Que faire, attendre attendre! Attendre face au désert, face au vide où rien ne bouge. Un corbeau croasse, la brise me caresse, le sable respire.

Soudain, il arrive, avec notre pile de matelas sur le toit. Repas prêt car cuisiné en bord de piste pendant sa panne de batterie. Dingue! Il s’enlise à chaque détour, dégonfle les pneux de plus en plus pour accrocher le sol. Et en quelques minutes le tapis et les coussins, le thé et le repas sont installés et avalés. Le cuisinier égyptien lance une musique sur son portable ; on se fait une petite sénace de danse orientale, puis quelques parties de UNO, endiablées..

 

 

Départ vers les hauteurs. 15km, 700 m de dénivelé, nous sommes à plus de 1000 m d’altitude et nous grimpons encore, sur des cailloux rouges, des pierres lisses multicolores, des éboulis de roches et de pierrailles où poussent quelques oignons de mer, quelques fleurs jaunes genre tulipes et quelques crottes de biquettes. Un aplomb, un dallage, un autre aplomb, un contournement de piton, puis le graal, un plateau en altitude avec vue imprenable sur le  Wadi, puis tout au loin l’Arabie Saoudite. Une beauté ! Puis notre sherpa, le même Mshari, nous emmène à droite, puis à gauche. On s’accroche, on s’entraide car la montée est de pus en plus périlleuse, on range les bâtons et on se sert des mains tellement la grimpe est dure. On devrait redescendre dans la vallée. Youssef a le vertige et les jambes un peu tremblotantes. On essaye de garder nos calmes et nos sourires, avec plus de 5h de montée, de crapahutage, de contournements, de fausses pistes, mais les cuisses se raidissent. Un vrai troupeau de cabris qui assure comme ils peuvent. Une goulotte, un effondrement, Msari voit au loin la voiture de Thamer (notre repas !) mais ne trouve pas le chemin. Au bout de 7h de marche, nous atteignons le sable du wadi, marchons jusqu’au rdv. Personne ; Thamer est déjà parti. No food ! I repeat, no food, sniff général.

Moment de solitude ! Youssef, en PLS, ah ah ah, tente de téléphoner en vain. Au bout de quarts d’heure interminables, arrivent un bédouin en chameau, puis une voiture, qui va chercher une autre voiture, qui repart puis revient, nous apporte de l’eau et des dattes…La fameuse entraide au désert. Deus 4×4 nous emportent, glissant sur les pentes sableuses à une vitesse impressionnante, puis nous déposent dans une goulotte rocheuse où Thamer a établi le campement. La nuit tombe vite. Salim, géant et générale en chef du Wadi Rum, vient faire une inspection des troupes raplatplat. Le thé est servi, tout le monde s’installe en silence, prépare le feu. Le plat grandiose nous arrive, sauté de poulet oignons doux haricots blancs, avec son riz accompagnant, servi par Salim, je veux ! Une vraie grande fatigue me plaque sur le matelas, bien au chaud dans ma tente. Mes muscles sont devenus du bois !

16 km, 4h de marche : Soleil rose et nappe de brouillard qui s’infiltre le long de notre défilé. Après le pliage des quechuas, le ramassage et l’improbable chargement du pic up, démarrage aux fils sur les pôles de la batterie !!! Même pas peur, nous démarrons  notre marche silencieuse du réveil. A gauche dans une goulotte, puis encore, puis une longue traversée de faux plat sableux sur lesquels notre colonne s’éparpille en rang desserré. Au loin, une longue tente bédouine en couverture noire, notre restaurant pour le midi. Possible toilettes et lavabo, un peu un peu, après s’être lavé les mains au sable pendant quelques jours, quel luxe. Les 4×4 arrivent pour nous emmener au village, puis salutations à général Salim, à notre sherpa, et transfert en minibus vers Little Pétra. On se repose.

Notre troupe est incroyablement solidaire et solide. De 35 à 77 ans, majoritairement dans le médical, infirmière, chir dentiste, pharma et chercheuse pharma, puéricultrice, puis des montagnards que rien n’arrête, tous excellents marcheurs…Les fatigues, les tensions, les stress ne durent pas plus de quelques minutes. Des plaisantins, des nerveux, Claude Rich (sosie, j’avoue), fameuse équipe cohérente, courageuse, et imperturbable.

Little Pétra : En avant, marche ! Dans la galerie de roche dont les habitacles excavés servait de caravansérails aux commerçants et autres voyageurs, aux troupeaux. Nous marchons encore, quelques escaliers de pierres pour changer, quelques dédales. Des ânes ici et là, avec leurs selles à pompons multicolores.

 

 

 

L’arrivée à l’hôtel Silk Road est un grand moment ; une chambre, un lit, du savon…Dingue ! Et en allant vers ta chambre, tu découvres un panneau sur une porte à gauche dans le même couloir, précisant « Hammam/Turkish bath ». Mon sang ne fait qu’un tour. En 10 minutes de négo avec la patrone, me voici entre les mains de Loubna, et là, ça ne rigole plus ! Je fonds pendant presque une heure dans la vapeur, et hop à mon tour sur la table. Le gant  râpe ma vieille couenne du désert, puis le savon et la mousse, le massage de Loubna, c’est pas de la gnognotte ! Epuisée, malaxée, mais propre !

Dans la salle de repos, je partage le thé avec 4 Mexicaines/Californiennes en goguette, très propres également. Puis le dîner, à table, avec les cabris courageux.

Dans la chambre, je teste la télé jordanienne et tombe sur un programme de catch américain. Au plafond, un autocollant avec une flèche verte précise la direction de La Mecque, pour la prière. Des bulldozers en face de l’hôtel nous empêchent de dormir jusqu’à 11h du soir.

Puis revient le matin : 24 km, 500 m de dénivelé, 7h de marche environ. Entrée dans Pétra (55 000 JOD pour 2jours tarif groupe), Cité des Nabathéens, 20 000 âmes,  -200 bc106 ac, route commerciale avant la route de la soie.

 

Bâtisseurs, urbanistes, astrologues, commerçants, lettrés, ils établissent une civilisation très avancée avant l’arrivée des romains et les tremblements de terre successifs qui les perdront. Le Siq (vallée) fréquenté par de nombreux touristes, des ânes, des chevaux des chameaux, des voiturettes et déjà magique en terme de géologie, ses dédales d’aplombs aux strates multicolores et fluides qui serpentent comme des rideaux, légers dans le vent et pourtant minéraux, ancestraux, immuables. Tu marches, tu marches, tu te penches, tu crois le voir, mais non, pas encore, tu marches encore, puis au détour d’une dernière paroi, il est là devant toi, le Trésor qui reflète le soleil levant, rose orangé, avec ses colonnes et ses restes de sculptures polies par les sables, les vents, le temps tout simplement.

Une foule se presse, des chameaux endimanchés posent devant la merveilleuse façade, les bédouins aux yeux noircis de khôl appâtent les touristes venant du monde entier. 1000 marches pour atteindre le haut lieu du sacrifice, le Wadi Al Farasa pour rejoindre le Palais de la fille, et notre table de déjeuner au menu immuable.

D’un point de vue à l’autre, d’un ciel rouge à un autre, nous longeons la vois des tombeaux royaux jusqu’au Siq, (à noter ; jumelles interdites sur tout le site !) De retour devant le Trésor, belle anicroche entre bédouin, voiturette, touriste et guide libanais. Sans comprendre l’arabe, on voit que c’est chaud bouillant ! Retour à l’hôtel pour le dîner.

Et comme cela ne nous suffit pas, nous repartons en équipe restreinte vers un « Pétra by night ». Le Siq est éclaire tout du long par des lampions. Assis sur des tapis, le thé est servi, des musiciens, très très moyens animent un quart d’heure les façades sur les quelles glissent des éclairages, bleu, rouge, violets, jaunes. Puis un peu flop, plus rien ne se passe sauf une nouvelle grosse bagarre entre bédouins, dans le noir, on y voit rien, mais c’est encore chaud bouillant, bien fumé, un cavalier arrive puis un autre, un âne ici un autre là, des chiens que rien ne réveille….Nous quittons les lieux tranquillement avant la baston !

Pétra par la face Nord, pour monter au monastère. Un quart d’heure de pistes en jeep/bus/pic p pour atteindre le pied du Monastère et l’atteindre par un chemin de crête magnifique, qui ouvre sur La Palestine au loin. Une dame californienne d’un âge honorable, voyageant seule, arrivant de la COP 27 en Egypte entame la montée avec nous, mais nous progressons trop vite pour la garder dans notre sillage.

 

 

 

 

 

 

Après plusieurs points de vue imprenables ouvrant sur les horizons lointains et inconnus, nous atteignons le monastère. Il se mérite le bougre, très bien conservé dans son cirque et son altitude. Il semble préservé des vents et du temps par les murailles perpendiculaires qui l’entourent. Un petit café avec ses quelques arbres ajoutent au décor un côté confortable. La redescente entre les échoppes où s’achètent tapis et foulards à damier rouge et blanc, est moins époustouflante. 9/10 km, 4h de marche avec important dénivelé.

Je n’aurai pas cru que la Jordanie fut à ce point montagneux. Nous serpentons dans des lacets de montagne pour rejoindre je Wadi Araba, la plaine en direction de la mer morte. Grande fatigue ! Une lunch box nous est proposée, avec des pains aux épinards et aux herbes, tomate concombre clémentine et junk food pour le dessert. De part et d’autre de la route, des chameaux déambulent entre quelques genévriers et acacias. Quelques champs de palmiers dattiers, bananiers, champs de tomates. Des tours de guet en enfilade signalent que la frontière avec Israël n’est qu’à 5 km. Des tentes de bédouins de chaque côté car ils viennent faire les cueillettes selon les saisons. Des chameaux, des ânes, des troupeaux de moutons.

Nombre de produits proviennent d’Israël, mais sont emballés en Jordanie pour contrer le boycott des produits issus des colonies/kibouts implantés en Palestine.

Certains jordaniens sont plus noirs dans cette région. Ils descendent des cultivateurs nubiens amenés par les mamlouks au 18è siècle.

Mer morte ; 80×20 km. -400 m sous le niveau de la mer. L’endroit le plus bas de la planète. 27% de sel et autres minéraux. Elle s’assèche de plus en plus depuis qu’Israël a créé un barrage pour récupérer de l’eau. Les Jordaniens en extraient la potasse et le phosphate, qui sera exporté. Pas de poisson, pas de crevette, juste quelques micro-organismes. Elle est très bleue, plein soleil, beaucoup de mouches. Sur la rive d’en face, la Palestine/Ci-Jordanie, Jérusalem, Naplouz.

La mer morte est une mer de fainéant, tu ne peux ni bouger ni nager. Juste faire la planche. Ou bien, verticalement comme une baleine dormante, tu pédales avec les jambes en gardant le buste droit. Au bout d’un quart d’heure, ça pique partout, il faut sortir et vite se rincer.

Le soleil se couche tandis que nous serpentons sur les routes de montagne pour rejoindre Madaba, nous faisant passer de -400 m à 800 m d’altitude, dénivelé grimpé par le minibus.

Madaba ; 10% de chrétiens.

Au début du XIXè siècle, les franciscains achètent aux bédouins, le Mont Nébo, lieu présumé de la mort de Moïse, RDV des papes. Jean-Paul II y a planté un olivier.

19/11 ; Réveil à l’aube, thé et adieux au groupe des cabris courageux. Sacré programme de marche que nous avons partagé là !

Départ avec Mustafa-dit-Steven, mon chauffeur pour la journée 140 $. La cible étant les châteaux du désert, dont Qsar Amra, mais quelques églises orthodoxes à mosaïques à visiter avant de quitter Madaba.

Eglise St Georges ; pavement remarquable figurant la ville de Jérusalem, Le Jourdain et la mer morte, les villes alentours, le Mont Nébo, le Sinaï, et autres haut lieux de la Chrétienté.

 

 

L’église des apôtres dont le pavement est en cours de restauration, ais immense et splendide. Puis direction route 40, plein est, vers la frontière Irakienne au bout, la frontière Syrienne au nord et l’Arabie Saoudite au sud.

 

 

Qsar Al karanna : Ocre, très géométrique et planté en plein désert, il trône crânement non loin de la route. Probablement le même tracé qu’au 8è siècle…

Un caravansérail au croisement des routes commerciales de l’époque, de pièces en pièces, d’étage à étage, tout est carré et parfaitement organisé. Les salles, les voûtes, les pierres, la cour centrale et la grande porte.

 

 

 

 

Et voilà un groupe de touristes au milieu de la cour. On s’entreprend, certains parlent quelques mots de français, mais tous parlent anglais. Des jeunes filles adorables s’abordent, leur mère, d’autres, une palestinienne de Jérusalem m’invite chez elle. C’est charmant. Ils sont presque tous palestiniens dans ce bus.

Le conférencier est une sommité, le professeur Mohammad Waheeb, de l’Université Hashemite de Zarqa, qui identifia le lieu de baptême de Jésus.

Qsar Amra : Seul groupe de fresques subsistant de la période Omeyyade, laissant des parois peintes et des sols à mosaïque remarquables, datant du 8è siècle. (Unesco world heritage) Ce château recevait une descente d’eau des collines avoisinantes et possédait un puit d’une profondeur de 40 m.

 

Je m’approche de ce petit bâtiment aux trois dômes, mais déjà derrière moi appelle une des femmes du groupe qui veut me servir un café. Je les rejoins dans la tente d’accueil façon bédouine, où je partage thé et olives maison. Certaines parlent français, elles sont adorables. Les jeunes étudiantes suivent, qui les langues française et anglaise, qui un cursus de dentiste à l’université de Jordanie à Amman. Mon approche de Qsar Amra est lente, je la retient. Un afflux de touriste me fait patienter encore, au bout de 25 ans d’attente, on n’est plus à quelques minutes près.

J’entre dans la première salle sous une série de fresques. Deux petites salles sombres au fond ouvrent sur le vestibule central.

 

 

 

Le hammam est sur le côté, avec son réseau d’arrivée d’eau et de foyer pour la chauffer.

 

 

 

 

La série de fresques remarquables de la période Omeyyade. Et là, tu as devant toi la fresque qui depuis 10 ans figure sur la couverture de mon roman « Les infidèles », parce que Qsar Amra, que j’ai déplacé de quelques centaines de km à l’est dans mon roman, sert de décor à l’histoire des Infidèles.

Très émouvant de découvrir enfin ce site étudié, décortiqué, que je n’avais pas espoir de découvrir un jour et qui finalement m’est offert, là, devant mes yeux, sous mes pieds, sa température, son parfum, son air. Et je m’aperçois que je l’avais parfaitement ressenti en le décrivant, centimètre par centimètre, comme le fait Hélène, l’héroïne de mon roman. https://desmotsentrenous.com/product/les-infideles/

Le chauffeur dit qu’en 12 ans de visite, il n’a jamais rencontré personne qui soit resté aussi longtemps que moi dans ce minuscule château…Un attachement particulier !

Direction Azraq et Qsar Azraq

Route Amman-Bagdad. Le désert partout. Nous longeons une base de l’Air force Jordanienne, ceinturée de barbelés et de belvédère. Zone sensible.

Ici, lorsque tu vois un nuage de poussière au loin, avant de l’identifier, tu sais que tu as 4h pour te préparer à son arrivée, bienvenue ou malvenue.

Arrêt dans un lodge établi dans un ancien mess d’officiers, tenu par une association de femmes, engagées dans les programmes d’émancipation mis en place par la reine Rania de Jordanie. Menu quotidien ; houmous, aubergines, riz poulet, légumes au vinaigre.

Des camions de fuel se succèdent sur la route. Nouvel accord commercial, le fuel provient d’Irak en échange d’électricité jordanienne produite par les panneaux solaires et les éoliennes. Azrak est une ville fantôme au croisement des routes commerciales en Irak/Arabie Saoudite. La guerre a fait partir tout les habitants.

Reste le château d’Al Azraq, dans lequel séjourna une semaine Sir Lawrence d’Arabie. Ils connaisseaient la caillasse, les bâtisseurs ! (romains pour la base).

Sol, plafond, voûte, tout est en basalte. Quand il n’y a pas de bois, il n’y a pas d’autre solution que d’utiliser la pierre.

Sur la route de retour, nous croisons nombre de camions Irakiens, ou d’autres qui descendent vers l’Arabie. Sur la droite, un autre camp militaire. Encore plus loin, le plus grand camp de réfugiés syriens de la région ; 200 000. Certains sont partis vers d’autres pays, récupérés par des pays comme le Canada (30 000), le Danemark, et autres pays d’Europe. La première à venir sur place a été Angélina Jolie, avec un chq de 700 000 dollars pour le camp. Puis, tous les dirigeants du monde sont venus. Nombre de réfugiés sont restés en Jordanie et y travaillent à présent.

Le soleil descend sur le désert de pierrailles. Le chauffeur tout en me parlant, attrappe son chapelet qui est autour du levier de vitesse et fait passer les perles entre ses doigts, il prie sans doute. Je lâche un peu l’affaire lorsqu’il me dit que les couleurs des hommes viennent de la couleur du sol où Dieu les a façonné, car le premier homme n’est pas né en Afrique, c’est Dieu qui l’a façonné, et que ce n’est pas la peine de se poser la question puisque la réponse est dans le livre saint. Il dit aussi que les arabes n’ont jamais fait d’esclaves depuis l’égire et que tous les travailleurs noirs sont venus librement, et ça, c’est bon de le savoir.

Nous roulons, achetons des olives, et sommes au lieu de rdv avec mes comparses de vol avec une ponctualité suisse. Sans doute est-ce pour cela que la Jordanie est nommée la Suisse du moyen Orient.

La nuit tombe, l’avion décole…

Des milliards de lucioles dessinent les rues d’Amman.

 

 

 

 

 

 

 

 

PS : très beau pays, très bon accueil partout. Organisation Allibert Treking au top. Quelques bugs gérables.

Pour le pays, il faudra sans doute trouver rapidement une solution aux plastiques, aux cannettes et aux mégots jetés partout…Avant que cela devienne impossible. Dommage pour un pays majoritairement désertique et peu peuplé finalement.

Les infidèles

En savoir plus sur la ville cousine de Pétra, capitale des Nabatéens, Hégra et Alula, autre haut lieu de la route de l’encens, situé en Arabie Saoudite, au sud du WadiRum, au nord de Médine. https://www.nationalgeographic.fr/voyage/2022/09/contenu-sponsorise-parfums-et-epices-la-route-de-lencens-a-alula?utm_source=Facebook&utm_medium=post_paid&utm_campaign=RoyalCommissionforAlUla&kwp_0=2201152&kwp_4=6293901&kwp_1=2706010&fbclid=IwAR2R66Q1-VbrMHsRr-UvZbHI0b51Ka8Gk3gkSBN_Dl8OBgnvWFcd0ZX-6_Y


2 commentaires »

  1. Machand nicole dit :

    Merci pour cette beige découverte !
    Pas assez courageuse et trop âgée pour l’entreprendre.

    J’ai beaucoup aimé. « Les infidèles « 

    Merci

  2. Isabelle dit :

    Merci beaucoup Nicole, pour votre retour. Il y a en effet des voyages que l’on se résoud à faire à travers les pages des livres. Les voyages physiques ne sont pas toujours réalisables pour toutes sortes de raisons (politique, guerre, économie, grande fatigue…). Vive la littérature, vive le cinéma. Au plaisir.

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