Au cœur du mois morose,

Au cœur de ce mois gris,

Entre les charniers du 1er, du 11 et du 13 novembre,

Qu’éclaboussent chrysanthèmes et drapeaux tricolores,

Jaillissent de petits miracles.

Jour de St léonard,

Dans l’aube d’un matin rose,

A vélo sur le boulevard,

Alerte, un homme pédale,

Vêtu en chevalier médiéval,

Tunique verte à large ceinture,

Fourreau, épée et casque rutilent.

Inattendu et réjouissant.

Voilà un coup de soleil qui tranche la grisaille !

Voilà un éclat de rire qui chante j’aime la vie !

Puis, vient cette paire de fesses qui rebondit devant moi,

Tellement haute, tellement ronde,

Que je voudrais la prendre dans mes bras,

Et y coller ma joue.

Emmaillottée dans une robe en laine, on dirait un oreiller moelleux,

Un édredon dodu,

À deux lobes,

Chaud et joufflu.

La femme noire qui les porte sera haute en couleur,

Dans sa robe festonnée en pagne chatoyant,

Coiffée d’un fier turban, nimbée d’un air d’encens.

Rêve de s’y lover…

Enfin, le soir près du canal, à la faveur des réverbères, assis sur les pavés luisants et sur les feuilles mortes, des africains studieux, cahier en main,écoutent attentivement la leçon d’alphabétisation que leur dispense une jeune fille blonde et bouclée, généreuse, devant son tableau blanc.

Alors, il est pas beau mon novembre ?